My Mother, Sohrâb Sepehrî |
Pas de nuage.
Pas de vent.
Je m’assieds au bord du bassin :
Jeu frétillant des poissons, lumière, fleurs, eau, reflet de moi-même.
Eclat virginal de la grappe de vie.
Ma mère cueille du basilic.
Pain, basilic et fromage.
Ciel sans taches, pétunias lavés à la pluie.
Salut imminent : accroché aux fleurs du jardin.
Que de caresses ne verse-t-elle pas, cette lumière
Qui rêve dans le bol de cuivre !
L’échelle se prolongeant jusqu’au sommet du mur
Fait descendre l’aube sur la terre.
Derrière le sourire se cachent tant de choses.
Le mur du temps est percé d’un trou
Au travers duquel je vois mon visage.
Il y a tant de choses dont j’ignore le secret !
Je sais que je mourrai si j’arrache un jour un brin d’herbe.
Je prends mon essor jusqu’à la voûte céleste :
Ne suis-je donc pas tout pourvu d’ailes ?
Je me fraie un chemin dans les ténèbres :
Ne suis-je donc pas tout armé de lanternes ?
Je suis toute lumière, tout empli du sable des plages,
Tout branchage, tout feuillage.
Je suis plein de routes, de ponts, de rivières, de vagues,
Débordant du reflet des feuilles sur les eaux.
Et pourtant combien est profond ce vide de mon être !
Sohrâb Sepehrî, Les Pas de l’eau, Orphée La Différence
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