Reza Abassi |
Le ghazal 294 est un magnifique chant d’un amant qui vit dans l’éloignement d’un Bien-Aimé qui est tout pour lui. Il l’est à ce point que la mort sous Son glaive lui est préférable à tout secours venant d’un autre. Le ghazal entier peut être récité à Dieu comme un psaume.
« Que mille adversaires cherchent ma perte,
Si Tu m’es ami, je n’ai crainte des ennemis.
L’espoir de m’unir à toi me tient en vie,
Sans quoi, je crains à tout moment qu’être séparé de Toi me perde.
D’instant en instant si je ne perçois dans le vent Ton parfum,
De moment en moment, comme la rose, de chagrin je déchire mon col.
Les deux yeux iraient-ils dormir et quitter Ton image de rêve ? Jamais !
Le cœur serait-il patient à distance de Toi ? Que non !
Je préfère la blessure que Tu donnes au baume qu’un autre y met.
Je préfère le poison que Tu donnes à la thériaque des autres.
Ma mort par le coup de Ton épée est notre vie éternellement !
Car mon âme se trouve bien d’être immolée à Toi.
Ne tourne pas bride ! Si Tu me frappes de l’épée,
Je fais de ma tête un bouclier et ne lâche pas la sangle de Ta selle.
Comment chaque regard Te verrait tel que Tu es ?
Chacun comprend à la mesure de sa vue.
Aux yeux des gens Hâfez deviendra grand à ce moment
Où à Ta porte il posera sur la poussière sa face de misère.
Hâfez, Le Divân, Introduction, traduction du persan et commentaires par Charles-Henri de Fouchécour, Verdier poche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire