Robert Frost |
Robert Frost est surtout connu comme le chantre des paysages magnifiques de la Nouvelle-Angleterre et de la vie rustique. Cet aspect bucolique de son œuvre tend parfois à éclipser des poèmes au caractère plus personnel et qui dans leur contenu sont souvent particulièrement sombres, pessimistes et désespérés. La vie de Robert Frost fut marquée par une longue suite de tragédies : décès prématurés de plusieurs membres de sa famille : son père, sa mère, sa femme, plusieurs de ses enfants dont son fils Carol qui se suicida en se tirant une balle d'un fusil de chasse. Le poète et sa femme furent sujets à des phases de dépressions récurrentes et la maladie frappa également durement la famille Frost : aliénation mentale, cancer... Deux poèmes, très forts, se font l'écho des souffrances endurées par le poète et témoignent du regard pessimiste et désespéré qu'il pouvait porter à l'occasion sur la vie. Le premier, "Nothing Gold can Stay", illustre la vision résignée du poète sur le devenir inéluctablement tragique des choses : la lumière finit immanquablement par s'éteindre et le paradis de se transformer en enfer. Son commentateur, Louis Untermeyer déclare que rarement tant de choses ont été dites en si peu de mots. Dans "Acquainted with the Night", le poète évoque de manière bouleversante le sentiment de solitude qui s'est emparé de son coeur : personne pour le secourir dans la nuit, dans l'immensité de la ville, nulle lueur d'espoir pour le retenir et le ramener vers la vie. Le poète n'a d'autre choix que de s'enfoncer plus en avant dans l'obscurité.
Sycomore in Autunm, Edgar Payne |
NOTHING GOLD CAN STAY
Nature's first green is gold,
Her hardest hue to hold.
Her early leaf's a flower;
But only so an hour.
Then leaf subsides to leaf.
So Eden sank to grief,
So dawn goes down to day.
Nothing gold can stay.
Edward Hopper, Night Shadows |
ACQUAINTED WITH THE NIGHT
I have been one acquainted with the night.
I have walked out in rain -- and back in rain.
I have outwalked the furthest city light.
I have looked down the saddest city lane.
I have passed by the watchman on his beat
And dropped my eyes, unwilling to explain.
I have stood still and stopped the sound of feet
When far away an interrupted cry
Came over houses from another street,
But not to call me back or say good-bye;
And further still at an unearthly height,
A luminary clock against the sky
Proclaimed the time was neither wrong nor right.
I have been one acquainted with the night.
Robert Frost
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