La colère des aubergines, Bulbul Sharma, Editions Picquier.
4e de couverture :
Qui meurt dîne, La Colère des aubergines, Folie de champignons, Festin pour un homme mort... : quelques titres de ces récits donnent un avant-goût de leur saveur. Les histoires racontées, pleines d'odeurs de cuisine, puissamment évocatrices des rapports et des conflits entre les membres d'une maisonnée indienne, soulignent bien sûr le rôle déterminant qu'y jouent la nourriture et celles qui la préparent. Des femmes croquées sur le vif y livrent des instants de bonheur, des secrets de famille, d'amour, d'enfance qui ont parfois la violence du désir ou l'amertume de la jalousie. Mais les véritables héroïnes sont ces recettes qu'il s'agisse de confectionner un pickle de mangue, un gâteau de carottes ou un curry d'aubergines au yaourt, le lecteur goûtera, du palais et de la langue, l'alchimie des aromates indiens.
Avis personnel :
La colère des aubergines est un recueil de nouvelles qui nous plonge au cœur d'une Inde des classes moyennes. Chacune de ces nouvelles gravite autour d'un thème culinaire et se termine par une recette de cuisine en lien avec l'histoire contée. Les nouvelles sont émouvantes, tendres et drôles. L'auteur croque avec beaucoup d'acuité la psychologie et la personnalité des indiens de cette classe moyenne et n'épargne aucun de ses travers. Ainsi, Bulbul Sharma nous montre bien cette démarche très pragmatique et calculatrice des parents lorsqu'il s'agit de trouver le meilleur parti pour leurs enfants. On évalue avec soin le niveau social, le cursus universitaire, la situation financière du parti convoité. On détaille ses attraits physiques et on ne manque pas de lancer des traits féroces envers le plus petit de ses défauts physiques.
On relèvera dans le livre qu'en dépit de l'interdiction religieuse formelle pour les hindous de manger de la viande, ceux-ci ne se privent pas pour autant pour confectionner les mets les plus exquis à base de viande. Ce livre bouscule nombre de nos clichés sur une Inde que l'on perçoit parfois essentiellement sous l'angle de la misère, du système des castes, d'hindous strictement végétariens.... Bulbul Sharma nous montre une société indienne complexe, plurielle, partagée entre la modernité et le poids des traditions, où les différentes cultures se croisent et dont la cuisine par sa variété et ses mélanges de goûts nous offre une illustration particulièrement pertinente de la richesse de cette société indienne.
On lit La colère des aubergines en imaginant les odeurs et les saveurs. Le livre nous donne envie de se lancer dans la préparation des recettes indiquées ou tout du moins de se précipiter dans un restaurant indien pour déguster les plats évoqués par l'auteur. La colère des aubergines est à savourer sans modération.
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