Van Gogh, Le semeur |
"Les dieux des religions sont des images symboliques de la Vérité.
Les livres sacrés nous disent avec beaucoup de détails, et cent fois plutôt qu'une, ce qu'est le Créateur, comment il a créé, quels sont ses rapports avec sa création, ses raisons de créer, ce que sont pour lui ses créatures et quelle est la place de chacune au sein du tout.
Mais cela nous est raconté dans un langage symbolique et la plus grande erreur qu'on puisse faire est de s'en tenir à la lettre.
Quant à la signification des symboles, elle a ceci de particulier qu'elle paraît évidente quand on la connaît., mais qu'elle est très difficile sinon impossible à deviner quand on en ignore tout.
Chaque symbole, d'autre part, peut être interprété de nombreuses façons, et chacune de ces significations est parfaitement vraie, du point de vue d'où l'on s'est placé pour la lire dans l'image.
Parmi toutes les significations d'un symbole il en est une dont découlent toutes les autres, et qui rend lisibles les symboles voisins.
C'est l'ensemble de ces significations premières qu'il faut connaître pour lire "à livre ouvert" les textes sacrés. Sans elle, ils nous restent fermés.
Cela ne signifie pas que les faits qu'ils nous racontent soient des fables. Tout événement historique, toute vie, tout geste, tout chemin, tout brin d'herbe, tout caillou, par sa forme et par sa place dans le temps et dans l'espace, signifie quelque chose de plus que ce qu'il est, et peut être lu.
Mais pour savoir lire, il faut avoir appris.
Qui sont les maîtres de cet enseignement ?
Les prêtres.
Les prêtres sont là pour ça.
Les prêtres ont reçu la clé de l'alphabet et la mission de la transmettre.
Malheureusement, ils l'ont perdue en chemin.
Une religion est comme un enfant que son père a envoyé porter un message à l'autre bout de la ville. Pour ne pas l'oublier, pour ne pas se tromper, l'enfant a appris le message par coeur et l'a répété mille fois en chemin. Peu à peu le message a pris le rythme de sa respiration, de ses pas, a perdu ses points, ses virgules, ses mots, et quand il est enfin délivré à son destinataire par la bouche qui l'a moulu tout le long de la route, il n'est plus qu'une suite de syllabes sans articulation ni signification.
Tout y est pourtant. Il suffit peut-être de bien écouter pour retrouver les mots et la phrase. Ce n'est peut-être pas impossible."
René Barjavel, La faim du tigre, Folio, 1982, pp. 139-140
Ça donne envie de le lire ! je compte l’emprunter à notre BM…mais après vérification il n’est ni en rayon ni emprunté par un lecteur, mais…à la réserve ! (on peut toutefois le demander…heureusement). Merci de cette fiche de lecture le Verdoyant.
RépondreSupprimerOui Da', La faim du tigre est un livre qu'il faut sortir des réserves, de l'oubli et le remettre sur les rayons et à la portée de tous. Il y a urgence à lire ce livre.
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