"Pour justifier leur raisonnement, les rationalistes obstinés disent que le facteur qui rend possibles les créations du hasard est le temps. Quand on a beaucoup de temps, il suffit de recommencer n'importe comment, sans cesse, pendant des milliards d'années, et on finit par faire ce qu'il faut.
Mais qui recommence ?
On connaît leur célèbre image : placez un singe devant une machine à écrire. S'il tape au hasard pendant l'éternité, il finira par écrire la Bible...
C'est confondre la qualité avec la quantité, pendant l'éternité, le singe produira un grafouillis illisible. Il ne composera même pas "La cigale et la fourmi".
Le hasard n'ordonne pas, ne compose pas, ne construit pas. Placez un bulldozer devant une montagne de briques qu'il se met à remuer au hasard. Pendant l'éternité il brassera des briques. Il ne construira jamais un palais, pas même une cabane. Or le moindre brin d'herbe est bien plus complique que le Palais de Versailles.
Ce que le bulldozer réussira à faire, c'est transformer la montagne de brique en montagne de poussière, c'est à dire le désordre en un désordre plus grand encore.
Les rationalistes n'ont d'ailleurs pas remarqué qu'ils ont introduit dans leur exemple un élément qui n'a rien de hasardeux : le singe. Ce n'est pas le hasard, qui tape. C'est le singe, qui tape au hasard. Alors qui est le singe ?"
René Barjavel, Demain le paradis, Denoël, p. 112
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