Les enfants ont peur du noir, mais beaucoup d'adultes aussi ! L'obscurité empêche de voir, on peut alors se convaincre de la présence de bêtes, d'insectes ou de tous êtres malveillants. Dans le langage populaire, on a des idées noires, on vit dans une misère noire ou encore nous avons de noirs pressentiments... Cette sensation d'inquiétude rattachée au noir remonte à la nuit des temps. Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Jerry Kramsky, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire, Michel Pirus et Romain Slocombe, remontant le fil de leurs terreurs, ont accepté d'animer leurs dessins et de leur insuffler avec leur style unique le rythme de leurs cauchemars.
Avis personnel :
Magnifiques courts-métrages d’animation. A regarder le soir, dans la pénombre, après avoir baissé la lumière. De préférence par temps de pluie, neige ou de grand froid. Assis bien au chaud dans son fauteuil.
Les courts-métrages nous transportent dans un monde de cauchemars et de terreur. Les graphismes sont somptueux, exclusivement en noir et blanc. Paysages et architectures dégagent un sentiment d’angoisse et on baigne perpétuellement dans un climat de mystère et d’appréhension. Les histoires sont toutes terrifiantes et glaçantes à souhait en même temps que profondément tristes : un étudiant timide et renfermé qui devient "possédé" par une mante religieuse, une petite fille hospitalisée et « soignée » par un médecin inquiétant et sadique qui lui administre des médicaments douteux, un voyageur égaré dans une tempête de neige qui trouve refuge dans une maison habitée par une tueuse en série, un marquis pervers qui lâche ses molosses sur des êtres sans défense... Les différents courts-métrages nous plongent dans un univers cauchemardesque et jouent avec les peurs ancestrales de l’homme : le noir, les insectes, l’inconnu, l'enfermement, la maladie... Toutes les histoires se déroulent la nuit ou dans le noir comme ce dernier court-métrage où un voyageur égaré trouve refuge dans une maison perdue dans la campagne enneigée qu’il explore à la lumière d’une bougie. On n'y voit que la tête et les mains du personnage ou des bouts de décors (papiers peints des murs, marches d’escalier, un fauteuil, une commode…).
Toutes les histoires se terminent par une fin tragique. Il n’y a pas d’autre issue au cauchemar que le cauchemar. La seule échappatoire possible reste la mort.
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