Le Nature Writing est un genre littéraire aux Etats-Unis dont l’action se déroule essentiellement au cœur d’une nature sauvage et grandiose. Parfois, c'est la nature elle-même qui tient le rôle principal dans le livre et l'auteur nous décrit longuement les beautés du paysage et la puissance des phénomènes naturels.
La France aussi a une tradition d’écrivains qui excellèrent dans la description de la vie rurale et campagnarde. Ces écrivains, tels Gide ou Giono, nous ont font partager leur amour quasi-religieux de la nature en des descriptions d'un lyrisme panthéiste.
Pour moi, c’est Henri Bosco qui dans « L’enfant et la rivière », à travers le récit des vagabondages du petit Pascalet sur la Durance, nous a laissé parmi les plus belles pages de la littérature française dans l'évocation des beautés de la nature. L'écriture de Bosco est simple et belle, délicate et sensible, sans fioritures ni grandiloquence. Elle est en harmonie et à la mesure des paysages qu'elle évoque. Mais les livres de Bosco ont ceci de plus que par delà une histoire apparente, ils nous racontent une histoire bien plus profonde, celle de la vie de l’âme et ses transformations spirituelles. Les livres de Bosco sont des récits symboliques de la vie intérieure des héros.
Je vous propose ci-dessous quelques passages tirés de « L’enfant et la rivière » où l'auteur nous brosse des tableaux enchanteurs des paysages et de la rivière.
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"Je partis à travers les champs. Ah ! le coeur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d'herbes, d'arbres, d'écorce fraîche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu'à un boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l'air, où flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes. Plus loin un verger d'amandiers n'était qu'une neige de fleurs où roucoulaient palombes de l'année nouvelle. J'étais enivré."
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"Une heure après, j'étais au bord de la rivière.
Quelle splendeur ! L'onde était devenue limpide et le bleu d'un ciel vif, lavé, où le vent poussait en riant deux petits nuages, se reflétait sur ces eaux claires qui d'un grand mouvement fuyaient vers un horizon de collines. Le terrible courant central, crête de noir, ne troublait plus ce miroir lisse. La rivière riait entre ses rives colorées de rose par le jour qui se levait. Un martin-pêcheur voletait le long de l'île, et la brise du matin bruissait dans les roseaux."
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"Car il n'y avait pas de lune, sauf un croissant imperceptible, qui frôlait l'horizon au crépuscule, puis il disparaîssait. Nos nuits n'étaient qu'un empire d'étoiles.
Il en pendait de tous côtés et l'entrecroisement de leurs branches d'argent étincelait, en haut, sur l'ombre, tandis que, tout autour de nous, leurs milliers de feux purs luisaient sur les eaux immobiles. Nous flottions entre deux ciels calmes, hors du temps et de l'espace...
Les rainettes coassaient, par peuplades entières, quelquefois sauvagement.
Plus tard, chantait, non loin de nous, une tribu plus douce de crapauds. Je les aimais. Partout, plantes et eaux, rives et arbres, s'animaient, à la nuit tombée, d'une vie confuse et mystérieuse. Un canard s'ébrouait dans les roseaux ; une chevêche miaulait sur un peuplier noir ; un blaireau brutal fouillait un buisson ; une fouine, glissant de branche en branche, faisait imperceptiblement frémir deux ou trois feuilles ; au loin glapissait un renard rôdeur."
Henri Bosco, L'enfant et la rivière, Gallimard
Une rainette |
Une chevêche |
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