Chemin montant au soleil, A. Sisley, 1893 |
Le sentier qui monte et se perd à l’horizon est un thème
récurrent dans l’œuvre de Sisley, mais jamais encore il n’avait revêtu
l’importance que lui donne le Chemin montant au soleil. C’est
probablement dans la tradition hollandaise du XVIIe siècle, chez Hobbema en
particulier, qu’il faut en chercher la source. La route qui relie le premier
plan au lointain, ménage une percée spectaculaire au centre de la toile et
induit une vision allant au-delà du visible.
La structure de l’espace, toujours primordiale chez Sisley,
représente ici une véritable prouesse, car le fort escarpement du coteau sur la
droite et la montée abrupte du raidillon sont restitués sans le concours de la
moindre verticale. Seules des formes arrondies, la meule sur le talus de
gauche, les bouquets d’arbres vers le fond du vallon et les deux belles
frondaisons centrales suggèrent les différences de niveaux. L’étagement des
plans est rendu de façon très rigoureuse par la succession des ombres, d’un
arbre invisible, des petits personnages, du clocher au fond. Ce procédé, Sisley
l’applique également au ciel : « Le ciel a des plans comme les terrains »
écrit-il. Les nuages blancs prestement enlevés sur le bleu intense du ciel,
auquel répondent les accords orangés et ocre de la végétation, assoupis par le
plein soleil de l’après-midi, impriment à l’œuvre une cadence qui lui confère
cette sorte de silence méditatif propre aux meilleures œuvres de Sisley.
Source : Musée des Beaux-Arts de Rouen
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