4e de couverture :
Omar Khayyâm ('Umar ibn Ibrahîm al-Khayyâmî) (c. 1047-c. 1122). Mathématicien, astronome (sans doute plus assuré des pouvoirs de la science que de ceux des astrologues, mais les deux termes alors se confondent), sceptique et pragmatique : "O roue des cieux, que de haine à toute ruine acharnée !", tel est Khayyâm. Erudit, ô combien ! il compose dans la forme usitée en poésie populaire, le robâï, un ensemble devenu l'un des livres fondateurs de la poésie persane. Proche de la tradition grecque bachique : plaisir et acceptation de l'éphémère. Toute beauté, toute pensée naît de l'argile-mère et y retourne. "Quel profond sentiment du néant des hommes et des choses", écrit Théophile Gautier. Choix, traduction originale et présentation par Gilbert Lazard.
Avis personnel :
Merveilleux petit livre de poésie dans une belle traduction de Gilbert Lazard publié aux éditions de La Différence dans la très belle collection Orphée dirigée par Claude-Michel Cluny.
Cent un quatrains qui nous permettent de voir le talent poétique d’Omar Khayyam et d’apprécier sa pensée hardie, provocatrice et désenchantée, pleine d’une angoisse métaphysique sur l’existence et le temps qui s’écoule inexorablement vers la mort et le néant. Devant la fuite du temps, la seule manière sage de se conduire est de vivre en consacrant chaque instant qui passe aux plaisirs de la vie, en particulier à ceux procurés par le bon vin et la compagnie du beau sexe.
La brève introduction de Gilbert Lazard nous montre le destin particulier qui fut celui des rubayat (ou robaï) au cours des siècles. De son vivant, Omar Khayyâm fut célèbre exclusivement comme un grand savant, réputé pour ses travaux en mathématiques, en astronomie et ses ouvrages philosophiques. En tant que poète, il fut totalement inconnu : ses quatrains n’ayant pas été publié de son vivant, probablement pense Gilbert Lazard à cause de leur contenu sulfureux et provocateur. Ce n’est que plusieurs décennies après sa mort que les rubayât commencèrent à circuler sous le manteau et eurent un succès inattendu auprès des soufis qui virent en eux un sens symbolique et mystique. Ce succès entraîna la fabrication de nombre de poèmes qui furent attribués à Omar Khayyam. Après une période de célébrité, ces poèmes tombèrent dans l’oubli et ce n’est que grâce aux célèbres traductions en anglais au XIXe siècle par Nicholson et qui rendirent Omar Khayyam célèbre en Occident que le monde arabo-islamique redécouvrit les rubayat. Des spécialistes se penchèrent alors sur eux afin d’établir une étude critique des manuscrits et tenter de démêler les poèmes authentiques de ceux apocryphes attribués à Omar Khayyâm.
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