The Place at the Window, Julian Alden Weir |
En lisant Emily Dickinson (m. 1886), je reste frappé des similitudes que je relève entre elle et son œuvre avec celles d'une autre mystique, musulmane et arabe celle-là, qui vécut au VIIIe siècle (m. 801), Rabia al-Adawiya. A commencer déjà par leur vie de recluses. Les deux d'ailleurs sont désignées, chacune dans leur culture, par le qualificatif de "Recluses". Leur poésie aussi se fait l'écho de convergences étonnantes dont la plus flagrante est certainement leur contenu mystique. Il faudrait un jour qu'un étudiant en littérature comparée mène une étude comparative entre les œuvres des deux mystiques. J'ose ce terme de "mystique" pour Emily Dickinson car pour moi son œuvre est empreinte de spiritualité dans sa quête de l'indicible et d'extase mystique. En la lisant, je ne peux manquer de mettre en parallèle des poèmes de Rûmî ou de Hâfez.
Voici ci-dessous un exemple frappant de similitudes entre Emily Dickinson et Rabia. Les deux poétesses expriment leur désir de se réfugier dans la solitude car vivre au sein de la société est devenu pour elles une véritable souffrance depuis qu'elles ont fait l'expérience mystique d'une rencontre avec le Divin.
Society for me my misery
Since Gift of Thee
Supplice pour moi que la société
Depuis le Don de Toi [1]
Un des plus célèbres poèmes de Rabia al-Adawiya commence par ces vers :
Mon repos, ô frères, est dans ma solitude,
Mon Aimé est toujours en ma présence.
Rien ne peut remplacer l'amour que j'ai pour Lui,
Mon amour est mon supplice parmi les créatures. [2]
[1] Emily Dickinson, Quatrains, traduction de Claire Malroux, Gallimard
[2] Chants de la recluse, Traduit de l'arabe par Mohammed Oudaimah et Gérard Pfister, Arfuyen
Bonsoir.
RépondreSupprimerC'est vraiment domage de ne pas développer d'avantage l'histoire de Rabia ainsi que celle de Emily Dickinson, afin que le lecteur ne reste pas sur sa faim et pour qu'il puisse comparer effectivement entre ces deux grandes Dames. Merci